Bonjour à tous!
Encore un gros mois rempli de sublime musique! Pour être honnête, j’ai eu un peu de misère à faire ma sélection ce mois-ci, d’où le retard, mais je crois avoir finalement réussi à faire les bons choix. J’espère…
Pour ceux qui se posent peut-être la question, je ne fais pas vraiment de reviews d’albums que je n’ai pas aimés; je préfère me concentrer sur le positif… 🙂 Aussi, je ne considère que les albums disponibles en streaming.
Voici donc, sans attendre, mes recommandations pour le mois de mai. J’ai sélectionné 7 albums que j’ai particulièrement appréciés! Notez que parfois, il y a des albums qui sont notés 8/10 dans les mentions spéciales. Ces albums sont généralement presque au même niveau de qualité que les 8/10 dans les reviews, mais parfois, je ne suis juste pas assez inspiré pour écrire quelque chose de digne. 🙂 Ou encore, je trouve que le post est déjà assez long.
Notez que mes écoutes sont évidemment récentes donc mon opinion pourrait changer avec le temps. J’ai donné une note (peut-être provisoire) sur 10 pour chaque sélection. Il n’y aura pas grand-chose en bas de 8/10 dans cette série mensuelle puisque ce sont mes albums favoris du mois!
Les albums sont en ordre de sortie.
Lisa Gerrard / Jules Maxwell – Burn

Lisa Gerrard est pratiquement devenue une légende avec les années! Chanteuse du sublime band Dead Can Dance, elle a su développer un style vraiment unique qui a pris des directions très personnelles dans ses oeuvres solos et dans ses nombreuses collaborations. Sa voix est d’une intensité difficile à décrire, et je suis pas mal certain que personne ne sonne comme elle! Cela étant dit, après quelques projets un peu plus « génériques », Lisa Gerrard nous revient avec son meilleur album depuis le classique Immortal Memory. Elle est accompagnée ici par le compositeur Jules Maxwell, qui apporte quelque chose de vraiment rafraichissant à son univers sonore. Je dirais que la musique de Gerrard a tendance à être plus intéressante lorsqu’elle collabore avec d’autres artistes, et Burn est un bon exemple de ça. Les éléments électroniques de l’album semblent être la continuité logique de ses projets avec Klaus Schulze (en particulier la pièce Keson) et évoquent aussi la musique de Vangelis à certains moments. L’émotion qui émane de cet album somptueux transcende l’âme. Vraiment une belle réussite! 8/10
Teke::Teke – Shirushi

Teke::Teke est un band de Montréal qui fusionne plusieurs styles issues de la culture japonaise pour créer une sonorité unique et vraiment riche. Des influences de surf, de rock psychédélique, de musique de films, de art rock, de garage rock et de folk traditionnel qui rappellent parfois la trame sonore d’un film japonais des années 60s ou 70s. Honnêtement, la musique de Teke::Teke serait probablement à sa place dans un film de Tarantino. Les arrangements sont vraiment imaginatifs et la voix ravissante et expressive de Maya Kuroki est capable de garder l’intérêt de l’auditeur qui, comme moi, ne comprend pas un seul mot de japonais. Je dois admettre que c’est vraiment impressionnant pour un premier album et je suis très curieux de voir quelles directions Teke::Teke prendra dans l’avenir . 8/10
Matt Berry – The Blue Elephant

Vraiment une belle découverte! Comme plusieurs l’auront peut-être remarqué, je suis un gros fan du genre néo-psychédélique. Par contre, il existe un grand nombre d’artistes qui vont dans cette direction et je ne trouve pas ça toujours convaincant. J’ai trouvé intéressant d’apprendre que Matt Berry est un comédien en plus d’être un musicien. Je ne suis pas vraiment familier avec ses albums précédents, mais d’après ce que je comprends, il a touché à plusieurs genres. Dès les premières notes de The Blue Elephant, je savais que j’allais être conquis. Oui, ça sonne comme du rock psychédélique des années 60s, mais il y a néanmoins quelque chose de vraiment authentique dans cette musique, quelque chose de personnel qui va bien au-delà de la simple nostalgie. La réalisation est sublime et colorée, et j’adore vraiment la voix de Berry. Je vais devoir me lancer dans ses autres albums éventuellement, mais en attendant, The Blue Elephant va jouer pas mal souvent dans mes écouteurs. 8.5/10
Sons of Kemet – Black to the Future

Je dois admettre être devenu un peu obsédé par la scène jazz de Londres. Une des grosses têtes de ce mouvement est Shabaka Hutchings, un compositeur et saxophoniste qui fait parti de plusieurs bands/projets dont Shabaka and the Ancestors, The Comet Is Coming et…Sons of Kemet. Leur album précédent, Your Queen Is a Reptile (2018) fut un gros succès critique, mais pour être honnête, ça m’a pris un bout avant d’accrocher. Tout simplement, parce que je préfère généralement le jazz instrumental et Sons of Kemet utilise pas mal de voix dans plusieurs chansons; dans certains cas, ces dernières flirtent même parfois avec le hip-hop (un genre dont je ne suis pas le plus grand fan). Néanmoins, avec le temps, j’ai été conquis par la grandeur de la musique et aussi par la force et par la poésie des messages véhiculés. Je préfère encore écouter les pièces qui sont instrumentales, mais j’admets avoir un grand amour pour certaines pièces vocales comme Pick Up Your Burning Cross. J’adore les influences africaines et la façon dont les rythmes sont utilisés. Je crois aussi que de m’être pratiquement immergé dans les différentes textures du jazz londonien m’a aidé à graduellement m’ouvrir à des expériences différentes. Mais sinon, un remarquable album jazz qui intègre un grand nombre de genres. 8/10
St. Vincent – Daddy’s Home

Annie Clark (aka St.Vincent) est probablement une des artistes que je respecte le plus. Non, je n’aime pas toujours la musique qu’elle produit, mais je trouve ça toujours intéressant, original et surtout, intègre et fidèle à sa personnalité. Clark est une musicienne hors pair; une compositrice exceptionnelle et une guitariste de calibre. Son classique de 2011, Strange Mercy, se retrouve dans mes albums favoris de la dernière décennie, mais bien que j’aie apprécié, à différents niveaux, ses trois albums suivants (Love This Giant, en collaboration avec David Byrne, son album éponyme et MASSEDUCTION), rien ne m’aura touché autant que Daddy’s Home. Cet album sonne comme l’accomplissement d’une carrière, un hommage à la fois au passé et au présent et définitivement comme une oeuvre intensément personnelle et autobiographique (le thème central étant son père, récemment sorti de prison après 12 ans)! Ça sonne big et complexe, parfois surréaliste, parfois comme de la pop rétro. Les chansons passent par une palette d’émotions, de références et d’influences allant de Bowie à Prince en passant par Pink Floyd, Nina Simone et même The Beatles, mais tout est parfaitement intégré. La réalisation, avec ses multiples couches de voix et d’instruments, aurait facilement pu tomber dans le surfait dans les mains d’un talent moindre, mais ici, tout est impeccable! La pièce Live in the Dream est un petit chef-d’oeuvre. Somebody Like Me est une confession vraiment touchante. Je ne crois pas avoir déjà eu l’impression que St.Vincent se donnait autant que sur cet album et sa voix n’a jamais été aussi maitrisée…nous sommes ici en présence d’une véritable artiste et Daddy’s Home est possiblement son album le plus honnête et le plus abouti. 9/10
Lord Huron – Long Lost

Un des albums les plus fascinants que j’ai entendu cette année! À la surface, la musique est pratiquement western/country avec des éléments cinématographiques, mais il y a une atmosphère onirique et « out of this world » qui plane sur les chansons; probablement aidée par l’injection d’une bonne dose de reverb dans le paysage sonore. C’est presque devenu cliché d’utiliser le terme « Lynchien », mais dans le cas présent, je dirais que c’est très applicable; plusieurs chansons auraient pu jouer dans un film comme Blue Velvet ou encore, dans Twin Peaks. J’entends pas mal d’influences de Chris Isaak, de The Moody Blues, d’Ennio Morricone et, étonnement, d’Elvis Presley. Long Lost porte bien son titre; une odyssée dans un passé perdu qui n’a jamais vraiment existé, dans les recoins mystérieux d’une dimension parallèle. L’album comporte aussi un grand nombre d’interludes intrigants qui donnent un aspect « mémoires fragmentaires » à l’album; comme un labyrinthe de moments qui résonnent dans l’espace pour être un jour découvert par des extra-terrestres, des millions d’années après notre extinction. Time’s Blur, la dernière pièce, un tableau étrange de presque 15 minutes, confirme ce qui est sous-entendu depuis le début de l’album. Tout simplement superbe! 8.5/10
Colleen – The Tunnel and the Clearing

Cecile Schott, AKA Colleen, est une artiste française qui produit de la musique expérimentale qui tend vers le rêve et l’imaginaire. Elle a un son bien à elle, reconnaissable par son utilisation d’orgues électriques, de synths analogues, et de beat machines. Sa voix est douce et reposante et réussie presque à me mettre dans un état de transe. The Tunnel and the Clearing est une somptueuse méditation minimaliste sur la vie. Il y a certaines influences de Broadcast, de Le Volume Courbe et de Grouper; peut-être même des débuts de Julia Holter. La pièce Gazing at Taurus: Santa Eulalia me fait étrangement penser à une version éthérée de Camino del Sol, d‘Antena. La grande beauté de l’album vient beaucoup du fait que tout est si épuré. Il s’agit néanmoins d’une musique poétique et raffinée qui demande d’être explorée avec délicatesse pour en cerner toutes les subtilités. Vraiment magnifique! 8/10
Avant mes quelques mentions spéciales, je crois que je me dois aussi de mentionner le fabuleux Vulture Prince de l’artiste pakistanaise Arooj Aftab, que j’ai manqué le mois passé. Mais l’album est d’une beauté exceptionnelle et vaut un 9/10. Sinon, there you go:
- Squid – Bright Green Field 7
- Dave Douglas / Joe Lovano / Sound Prints – Other Worlds 8
- James Brandon Lewis – Jesup Wagon 7.5
- Phoebe Bridgers – Copycat Killer 7
- Facs – Present Tense 8
- Fly Pan Am – Frontera 7.5
- Magic Castles – Sun Reign 8
- Black Midi – Cavalcade 7.5
- Loscil – Clara 8
Merci à tous et à bientôt!
J. Bannon

