Bonjour à tous!
Un peu de retard ce mois-ci dû au grand nombre d’albums que j’ai voulu inclure, mais there it is!
Pendant que je travaillais sur cette revue, j’ai soudainement réalisé que ça faisait déjà 1 an que j’avais commencé ce modeste blogue. Le temps passe vraiment vite…
Ceci étant dit, un mois très fort; particulièrement pour la musique instrumentale. Voici donc mes recommandations pour le mois d’avril. J’ai sélectionné 9 albums que j’ai particulièrement appréciés!
Notez que mes écoutes sont évidemment récentes donc mon opinion pourrait changer avec le temps. J’ai donné une note (peut-être provisoire) sur 10 pour chaque sélection. Il n’y aura pas grand-chose en bas de 8/10 dans cette série mensuelle puisque ce sont mes albums favoris du mois!
Les albums sont en ordre de sortie.
Godspeed You! Black Emperor – G_d’s Pee AT STATE’S END!

Post-Rock, Experimental Rock, Indie Rock
Le septième album de ce collectif post-rock légendaire de Montréal. Comme leurs albums précédents, l’album contient des pièces très longues; je crois qu’on peut dire quatre gros blocs (même si l’album est divisé en huit segments sur les plateformes de streaming). G_d’s Pee AT STATE’S END! ne réinvente rien et sonne comme du Godspeed classique, mais ça n’en demeure pas moins toujours très solide si vous êtes fans de leur musique. Ça sonne « big », épique et parfois apocalyptique. Malgré que ça ne soit pas mon album favori d’eux, il s’agit d’un ajout plus que décent à leur catalogue! Il y a plusieurs moments de grande beauté et les musiciens réussissent à créer des ambiances cinématographiques incroyables. Fortement recommandé! 8/10
Dry Cleaning – New Long Leg

New Wave, Post-Punk, Art Rock
Un nouveau band britannique qui est graduellement devenu une de mes écoutes régulières, avant même la sortie de ce premier album (ils avaient sorti deux EPs). Je trouve qu’il y a quelque chose de rafraichissant dans leur son, une urgence et une pureté que je ne vois pas souvent dans le post-punk moderne. Ce qui est intéressant avec Dry Cleaning c’est que Florence Shaw, la vocaliste, ne chante pas vraiment; elle narre sur un ton à la fois impassible et hypnotisant. Cette approche n’est pas sans rappeler Laurie Anderson ou même Sonic Youth, mais Shaw a son propre langage et projette un charisme énigmatique difficile à décrire. Et les textes…une de ces rares fois où je suis complètement fasciné par les textes d’un band; une poésie absurde et surréaliste empreinte d’un humour noir plutôt unique qui vient me chercher (« Just an emo dead stuff collector, things come to the brain. Let’s look at the geophys. » ou « “I just wanted to tell you I’ve got scabs on my head” ou “Someone pissed on my leg in the big Sainsbury’s” ou plus sérieusement « I just want to put something positive into the world but it’s hard because I’m so full of poisonous rage.”). Musicalement, j’aime beaucoup les basslines profondes et répétitives et j’entends des échos de The Cure, The Raincoats et Sonic Youth. Notons aussi la présence du légendaire John Parish à la réalisation. J’ai très hâte d’entendre ce que Dry Cleaning produira dans l’avenir. 9/10
Ali Shaheed Muhammad & Adrian Younge – Gary Bartz JID006

Jazz-Funk, Electric Jazz, Modal Music, Post-Bop
La sublime série Jazz is Dead est une des meilleures choses à avoir vu le jour en 2020! Un projet de Ali Shaheed Muhammad et Adrian Younge, chaque volume met de l’avant un musicien jazz influent. Ce sixième volume enrôle le saxophoniste alto et compositeur Gary Bartz pour une séance éthérée de jazz spirituel aux influences rétro et aux sonorités vintages. Un album magnifique exécuté avec brio! 8/10
Ghlow – Slash and Burn

New Wave, Post-Punk, Electro
Ghlow est un duo suédois/russe qui mélange la musique industrielle avec le post-punk. Le résultat est une musique corrosive et énergique comme j’en ai rarement entendu. Slash and Burn est un album relativement court (33 minutes), mais qui ne ralentit jamais; nous propulsant sauvagement ses rythmes électroniques pulsatiles et ses guitares tranchantes. La voix d’Emille de Blanche, qui évoque celles de Siouxsie Sioux et de Jehnny Beth, est intense à souhait et se marie parfaitement aux paysages dissonants de l’album. Les basses sont lourdes et presque toujours distorsionnées. Une oeuvre à savourer (et à écouter à très haut volume) si vous êtes fans de Savages, Wax Chattels, Facs, Nine Inch Nails ou the Raveonettes. 8.5/10
Vijay Iyer – Uneasy

Modern Creative, Progressive Jazz, Avant-garde Jazz, Post-Bop
Comme mentionné précédemment, mon appréciation pour le jazz s’est développée de façon exponentielle dans les dernières années. Lorsque j’ai commencé à m’y intéresser, au-delà les classiques (Miles Davis, John Coltrane, Sun Ra, Charles Mingus, etc), un des premiers musiciens qui avait attiré mon oreille était le pianiste et compositeur Vijay Iyer. Quelque chose dans son style de composition et dans son jeu évoque en moi des tableaux impressionnistes d’une grande richesse. Son album de 2009, Historicity, est vite devenu un de mes classiques que je revisite sur une base régulière et j’attends toujours avec impatience le prochain opus. Donc, Uneasy ne déçoit pas! Mettant en vedette le nouveau Vijay Iyer Trio (Tyshawn Sorey aux drums et Linda May Han Oh à la basse), l’album est une remarquable méditation sur les turbulences de notre monde actuel, une exploration musicale unique, et toujours en métamorphose, d’un des grands compositeurs jazz de notre temps. 8.5/10
Spirit of the Beehive – ENTERTAINMENT, DEATH

Experimental Rock, Indie Electronic, Noise Pop, Psychedelic Rock, Shoegaze
Formation inclassifiable de Philadelphie qui joue pas mal dans l’expérimental et dans le neo-psychedelia. Leur son est relativement étrange; imprévisible et chaotique, la musique semble zapper d’un style à l’autre, souvent dans la même pièce. Par exemple, la pièce There’s Nothing You Can’t Do commence presque « dream pop » et soudainement, on se retrouve avec un son quasi industriel. Les pièces sont parfois entrecoupées de samples et d’interludes ambiants, et à d’autres moments, tout se met à glitcher ou encore le pitch de la musique change sans avertissement. Ailleurs, plusieurs sons étranges et intrusifs qui ne semblent pas fiter avec la musique s’infiltrent soudainement dans une balade psychédélique. Bien que tout ça ne soit pas nouveau, j’admets avoir une grosse fascination pour ce type d’expérimentations. L’univers sonore qui est créé évoque une sorte de chaos fragmentaire et des images insolites qui stimulent l’imagination. Il y a aussi quelque chose de satirique et d’absurde dans la façon dont Spirit of the Beehive présente leur musique; une sorte de « fuck off! » que je respecte. La pièce I Suck the Devil’s Cock est probablement l’aboutissement logique de cette progression musicale singulière. Si vous aimez la musique qui tend vers le bizarre, mais avec une certaine sensibilité pop, c’est possiblement pour vous. 8/10
Natural Information Society / Evan Parker – Descension (Out of Our Constrictions)

Avant-Garde Jazz, Modern Creative, Free Jazz
Un album brillant qui fusionne deux de mes genres favoris; le jazz et le « minimalisme ». Natural Information Society est un ensemble de musique avant-garde dirigé par le compositeur (et aussi joueur de contrebasse et de guimbri) Joshua Abrams. L’ensemble joue beaucoup dans le free jazz spirituel, le Krautrock, le drone et la musique expérimentale. Plusieurs aspects de la musique me font également penser à The Necks. Descension (Out of Our Constrictions) n’est en fait qu’une seule longue pièce de 75 minutes, enregistrée live à Londre en 2019, qui utilise un motif répétitif comme structure de base; un peu comme le classique de Terry Riley, In C ou comme plusieurs pièces de Philip Glass. Progressant sur ce motif, nous avons droit à une prestation exceptionnelle et hypnotisante, jouant beaucoup sur l’improvisation et la polyrythmie. La performance met également en vedette le saxophoniste Evan Parker. Du grand art! 9/10
Rob Frye – Exoplanet

Electronic, Jazz, Fusion, Experimental
Premier vrai album solo du compositeur expérimental Rob Frye (de Bitchin Bajas), Exoplanet est un amalgame ingénieux de jazz et d’électronique; un album cosmique et planant qui alterne entre des passages funk-jazz et des passages atmosphériques dans la veine de Tangerine Dreams ou Klaus Schulze. La pièce XC175020, avec ses sonorités étranges de « ce qui semble être un xylophone mal accordé » (proche du son d’un gamelan dans le fond), me rappelle le chef-d’oeuvre d’Anthony Davis, Epistēmē (1981) et même un peu la musique de Steve Reich avec ses progressions répétitives, alors que les pièces Innercosmos and XC22182 vont plutôt dans une direction « ambient music ». Il va sans dire que Exoplanet est un album unique et intrigant qui mérite d’être découvert. 8/10
Glüme – The Internet

Electronic, Synth-pop, Dream Pop
Molly Keck (AKA Glüme) est une chanteuse/compositrice qui nous offre ses créations via le label de Johnny Jewel, Italians Do It Better (Chromatics, Glass Candy, Desire). Ceux qui connaissent ce label savent un peu à quoi s’attendre puisque celui-ci semble souvent se comporter comme un gros collectif plutôt qu’un label conventionnel, et leur style est assez spécifique; une sorte de synthpop rétro avec des éléments Italo disco et dream pop. Imaginez un peu le genre de musique qui joue dans le road house de la série Twin Peaks (Johnny Jewel a participé au soundtrack de Twin Peaks: The Return et Chromatics est le band qui joue live à la fin de l’épisode 2). La musique de Glüme tombe pas mal dans ces mêmes cordes (La pièce Porcelain pourrait sortir tout droit d’un film de Lynch), mais ce premier album a principalement attiré mon attention due à son côté « subtilement sombre », à ses mélodies « catchy », à son univers fascinant et aussi à la voix mélancolique et parfois sensuelle de Molly Keck qui exprime quelque chose de triste et de profond derrière son image pseudo-Marilyn Monroe. Je dirais aussi que l’ambiance et l’univers nostalgique de The Internet ont des similarités avec la musique de Lana Del Rey et aussi avec la trame sonore de la série Stranger Things. Ceci étant dit, j’ai tendance à écouter cet album assez régulièrement ces temps-ci donc ma note initiale (qui était 7/10) a augmenté et je l’ai ajouté à ma revue un peu à la dernière minute. 8/10
Avant de terminer, quelques mentions spéciales:
- Flock of Dimes – Head of Roses 7
- Lonnie Holley / Matthew E. White – Broken Mirror: A Selfie Reflection 7
- Orions Belte – Villa Amorini 8
- Garage a Trois – Calm Down Cologne 7.5
- Dinosaur Jr. – Sweep It Into Space 7
- The Coral – Coral Island 8
- PJ Harvey – Uh Huh Her: The Demos 8.5 (pas dans ma revue puisque réédition)
Bonne semaine à tous et au mois prochain!
J. Bannon

